Arrivée d'un illustre mourant...

L'avion aux couleurs édoranaises se posa sur le tarmac de Micropolia. A son bord, trois malades graves atteints de la flémingite noire. Les deux premiers étaient des gardes livadiennes, ces soldats d'élite et d'apparat, dont une poignée avaient suivi le Haut-Roi dans son exil.

Ces deux hommes, de solides gaillards, étaient encore conscients lorsqu'on les descendit de l'appareil, à la différence de Nikolaï, en proie à l'inconscience.

Il revenait à lui de temps en temps pour demander d'une voix marquée par le délire où étaient son épouse et ses enfants. On lui répondait inlassablement et patiemment qu'ils étaient en Edoran, qu'il fallait éviter la contagion, qu'ils priaient beaucoup pour lui et qu'ils pourraient les voir bientôt.

Quoiqu'il ait abdiqué, Nikolaï de Livadia -comme on l'appelait désormais- était l'objet de tous les soins, et même du camp nationaliste qui avait dépêché les meilleurs médecins du pays pour lui. Son abdication avait en effet, ressoudé nationalistes et "gouvernementaux", comme on appelait alors les monarchistes.

Sa famille, ses fidèles, et même la plupart des Livadiens attendaient beaucoup des médecins francovars, spécialistes en la matière. L'Institut Filin aurait fort à faire…