Motion de censure contre le gouvernement Montignac

Bernard monta au pupitre. Il avait le sentiment que le discours qu'il allait donner serait le plus important depuis son entrée en politique. Il s'était longuement préparé, il était rasé de près, il portait un after-shave aux senteurs assez fortes et il avait mis sa plus belle cravate, celle qu'il gardait pour les grandes occasions, un mariage ou le baptême du petit dernier.

Il allait commencer son discours par une phrase choc, il l'avait entendue dans la bouche d'un autre politique, elle allait créer son petit effet. La phrase était parait-il extraite d'une célèbre pièce de théâtre, mais il ne savait pas laquelle, ne s'intéressant pas au théâtre.

Bernard Futon : Il y a quelque chose de pourri au Royaume de Francovie ! Mesdames et messieurs les députés, chers collègues, vous avez tous lu ce communiqué du Ministre de l'Intérieur et de la Justice dans lequel Monsieur du Halga a exigé (c'est le terme qu'il a employé), a exigé la fin de la visite officielle de Madame Christiane Mazard, qui nous avait pourtant fait l'immense honneur de choisir notre pays pour son tout premier déplacement en tant que Chancelière Fédérale !

Ce communiqué est une véritable insulte à l'égard d'un chef de gouvernement étranger, qui était de plus venu avec l'intention de rétablir avec notre pays des relations diplomatiques et économiques.

Il y a quelque chose de pourri au Royaume de Francovie et il nous appartient d'y mettre un terme, si nous ne voulons pas que la honte de ce gouvernement soit aussi la nôtre !

En vertu de l'article 21 de notre Constitution, le groupe Força Mezenas dépose dès cet instant une motion de censure contre le gouvernement Montignac.

Goulard : La motion est au débat durant 24 heures.

La parole est à M. Martial Kropoly, président du groupe NPC.

Kropoly : Mesdames, Messieurs, Et si vous le permettez chers collègues,

L'intervention de M. Futon est une vaste plaisanterie. Premièrement, permettez moi de rappeler les faits : M. Bogendorfer a enfreint les prérogatives qui lui sont attribuées par le code de la décentralisation. Le Ministre responsable a rappelé la force de la loi. Secondement, vous parlez de honte. Il s'agit de ne pas renverser les valeurs. C'est Madame Mazard qui aurait dû informer le pays hôte et donc le Ministère des Affaires Etrangères de son souhait de se rendre en République Francovare de Mézénas. Le gouvernement n'a rien à se reprocher. Madame Mazard a été accueilli avec tous les honneurs dus à son rangs.

Je résume donc, Força Mézénas, souhaite sanctionner le gouvernement pour avoir fait respecter la loi qu'elle a voté il y a de cela deux mois. Cela nous y sommes opposés. Et permettez moi d'ajouter M. Futon, s'il y a quelques choses de pourri en Francovie M. Futon, c'est la volonté des dirigeants de la RFM de s'affranchir des lois.

Bernard Futon : Monsieur Kropoly, tout le monde aura noté au passage le mépris que vous affichez pour l'opposition en qualifiant mon intervention de "vaste plaisanterie". Mais bon, passons, intéressons-nous au reste de votre déclaration. Vous dites que Monsieur Bogendorfer a enfreint les prérogatives qui lui sont attribuées par le code de la décentralisation.

J'aurais juste une question à vous poser : selon vous, à quel moment a-t-il enfreint ces prérogatives ?

Viviane Moir avait été désignée par le FDP pour parler au nom du groupe :

- "Ce que nous assistons est une honte en effet. Une honte pour la Francovie.
Nous avons assisté à la volonté de la part des Etats Fédérés de Mézénas et de la part de monsieur Bogendorfer d'humilier la Francovie.

Alors que la Chancelière est venue en Francovie pour prétexter une rencontre avec le premier ministre, elle a démontré que son seul but était de rencontrer monsieur Bogendorfer et ce dernier bien entendu s'est rendu complice de cela. 
Une visite amicale dira bien sur cet ancien allié de Peyranne, pourtant elle a été organisée au palais présidentiel avec une conférence de presse c'était donc une visite politique et non pas privée chez monsieur Bogendorfer qui dispose pourtant d'une grande maison payée sur la sang des résistants au régime jallaniste."

La frontiste évoquait les rumeurs de collaboration de Bogendorfer avec Tarque, le premier ayant été l'un des seuls tenors mézéniens, pourtant particulièrement visés par les jallanistes, à ne pas avoir subi les foudres du "Conseil de Stabilité" durant la dictature tarquienne.


- "La vérité c'est que monsieur Bogendorfer et ses soumis ne respectent en rien le code de décentralisation.
Sur tous les sujets, les autonomistes et les indépendantistes refusent de faire des concessions et agissent tels des parasites pour l'Etat Francovar.
Ils demandent des subventions énormes tout en refusant la responsabilité.
Il suffit de voir le traitement archaïque des dechets par monsieur Bogendorfer qui obtient le droit de le récolter par le gouvernement et qui ensuite lui rejette la faute quand il ne l'avait pas fait et qu'un regrettable incendie s'est déclenchée par sa faute.
Il n'y avait jamais eu d'incendie pour cette raison et dès que monsieur Bogendorfer a commencé à gérer ce dossier, il y a eu des problèmes.

Quelle est la réponse de Força Mézénas face à l'incompétence de monsieur Bogendorfer et des siens ? Face à la mauvaise foi des EF de Mézénas ? Détruire le gouvernement !

Il est évident que mettre fin à ce gouvernement qui résiste à l'assaut des traites à la solde des patries étrangères n'est en rien une bonne solution.

Non seulement nous soutiendrons ce gouvernement mais nous demanderons la révocation des dispositions spéciales concernant Mézénas puisque de toute façon ces derniers ne respectent aucun de leurs engagements."

Applaudissement de la part des députés frontistes. 

Applaudissement enthousiaste d'Altouna ravie de voir les frontistes se resserrer autour du Premier Ministre.

Le député mézénien préféra ignorer la diarrhée verbale de Moir qui, comme son maitre Buisson, usait de mauvaise foi pour dissimuler son manque d'arguments sérieux.

Bernard Futon : Monsieur Kropoly, je vous ai posé une question et j'attends toujours une réponse ! Selon vous, à quel moment le Président Bogendorfer a-t-il enfreint les prérogatives qui lui sont attribuées par le code de la décentralisation ?

Martial Kropoly, faisant un mouvement de cou(EL/ imaginez la voix de Nicolas Sarkozy) : Pour moi c'est tout à fait simple M'sieur Futon. Lorsqu'il a accueilli officiellement un chef d'un gouvernement étranger non reconnu par la Monarchie en République Francovare de Mézénas sans autorisation du chef de la diplomatie Francovare. M'sieur Bogendorfer nous dit qu'il s'agissait d'une visite privée. Pardon M'sieur Futon, mais personne n'y croit. Pourquoi a-t-il convié les journalistes ? Pourquoi a-t-il reçut Madame Mazard sur le perron du Palais présidentiel ? Tout cela fait partie des codes de la visite officielle.

Article 402
Le Clan de Mézénas peut gérer les relations extérieures et commerciales, à l'exclusion de la négociation des traités de reconnaissance, de paix et de guerre, des accords monétaires, de défense, de coopération policière et judiciaire, dans la limite des engagements internationaux pris par l'Etat francovar. Le Clan est admis à ouvrir des relations avec des nations non-reconnues, sous réserve de l'accord du chef de la diplomatie francovare.

Bernard Futon : Il est très important d'être extrêmement précis. Qu'il me soit donc permis de rappeler ici les termes du Code de décentralisation et plus particulièrement de son article 402, que je vous propose d'étudier avec soin. (Futon se surprenait lui-même à parler aussi bien).

Monsieur Kropoly, vous étiez dans le bureau avec le Président Bogendorfer et la Chancelière Mazard ? À quel moment le Président a-t-il négocié un traité de reconnaissance avec la cheffe du gouvernement mézène ? À quel moment a-t-il ouvert des relations avec les États Fédérés de Mézénas ?

Kropoly : M'sieur Futon, faut arrêter de s'moquer du monde. Vous le savez comme moi, la diplomatie est faite de symboles. Lorsque M. Bogendorfer accueille officiellement Madame Mazard, il ouvre et entretien des relations extérieurs avec un gouvernement étranger. Je crois qu'il n'y a pas d'autres débats à avoir.

Bernard Futon : Je regrette de vous contredire, mais pour moi des relations entre deux pays s'ouvrent une fois que leur chef d'État ont signé un traité de reconnaissance mutuelle et pas avant. C'est ainsi que les Mézéniens ont compris cet article et c'est ainsi qu'ils l'appliqueront, quoi que vous puissiez en penser !

Mais bon, quoi qu'il en soit, cela n'enlève rien au caractère scandaleux du communiqué de Monsieur du Halga qui, je le répète, a eu l'audace d'exiger la fin de la visite officielle d'une cheffe de gouvernement qui avait réservé son tout premier déplacement officiel à notre pays ! Et c'est ce qui a motivé ce dépôt d'une motion de censure !


Là-dessus, Futon se rassit, exténué comme s'il avait couru un marathon. Il s'était épuisé les neurones à parler aussi bien avec un tel vocabulaire !

Kropoly : Et bien sachez M'sieur le député Futon que vous trouverez toujours un conservateur pour contester cette interprétation fallacieuse. M'sieur l'Ministr' de l'Intérieur a exercé ses prérogatives en rappelant le droit. M'sieur le Président Bogendorfer a mis fin immédiatement à son entrevue. J'en conclue qu'il valide l'interprétation du gouvernement.

Goulard : Je mets la motion de censure au vote durant 24 heures.

NPC : 39 CONTRE

Goulard : - Le vote est clôt

8 voix POUR

La motion de censure est rejetée !

Une petite flemingite avait touchée la gauche.
Les nationalistes et centristes en avaient profité pour se rendre à la cantine.
Cela n'avait pas vraiment de conséquence.

EL : Désolé j'ai oublié de faire le discours de Blairot et de voter