Bureau du Président de la République

Philippine fut introduite auprès du Président Baudry. Elle tenait dans ses mains les lettres de créance qu'elle devait lui remettre.

Jean-Yves Baudry : Madame Plumeau de Ricard ! Entrez, chère amie, entrez, entrez ! Ah, je vois que vous avez vos lettres de créances (il les lit en diagonale) Oui, voilà... Très bien... Parfait, je les accepte !

Vous prenez un rafraichissement ? Un jus de fruit, un verre de vin blanc ? (il agite une petite clochette, un domestique entre alors) Ernest, deux coupes de vin pétillant de Cardolane, nous avons un événement à fêter !

Alors, comment se porte votre père ? Bien, j'espère !

Le rôti de sanglochon offert par la présidence pesait sur son estomac. Afin d'éviter l'incident diplomatique, ce n'était pas une tranche qu'elle avait dû manger au petit-déjeuner offert, mais bien un rôti entier.

Elle répondit au Président :

- Mon père regrette de ne pouvoir revoir sa terre natale, comme de nombreux francovars cette région qu'ils aimaient... J'ai mandat pour négocier un accord de libre-circulation des personnes entre la Francovie et le Mézénas. Êtes-vous d'accord avec ce principe ?

Le Président tenta par tous les moyens de cacher sa surprise, il avait eu le souffle coupé en entendant la proposition de la jeune femme.

Jean-Yves Baudry : Je regrette, Madame Grumeau de Placard, mais avec tout le respect que j'ai pour vous, un tel accord ne se négocie pas avec une ambassadrice. Mais je me doute bien que vous rapporterez cet entretien aux autorités francovares, alors dites-leur qu'il est beaucoup trop tôt pour parler de libre-circulation entre nos deux pays.

Montignac : Très bien, Monsieur le Président, je ferai part de votre avis à mon gouvernement. Puis-je lui communiqué une date, ou à délai, à partir duquel votre gouvernement sera disposé à négocier sur ce point ?

Ernest arriva avec un plateau sur lequel se trouvaient deux coupes de vin pétillant. Baudry offrit une coupe à la jeune femme et but la sienne d'un trait.

Jean-Yves Baudry : Je ne saurais répondre à votre question. Bien, si vous n'avez pas d'autres questions sur votre nouvelle affectation, le chauffeur que nous mettons à votre disposition va vous conduire à l'Ambassade.

Jean-Yves Baudry occupait le fauteuil de la République de Mézée depuis bientôt un an. Les sondages, habilement manipulés par des experts en propagande, le donnaient largement vainqueur lors de la prochaine Présidentielle. Cependant, il y avait une ombre au tableau : il s'emmerdait. Il s'emmerdait ferme. Une bonne grosse déprime, sans doute aggravée par les températures caniculaires qui régnaient sur le territoire.

Il voulait partir, pas seulement quitter le Palais Présidentiel, en fait il voulait tout quitter. S'enfuir, loin, loin de la capitale, loin des responsabilités.

Il appela son ami Benoit Constant, qui avoua être dans le même état d'esprit que lui. Il lui apprit également que bon nombre des cadres du parti souffraient du même ennui. Il avait une idée, pour le moins originale, et il lui en fit part.




Benoit Constant : Je vais te dire, Jean-Yves, tout ça commence à me peser. On a voulu niquer les Francovars, on a réussi là où Peyranne avait échoué, mais maintenant, tout ça me semble tellement... superficiel, sans aucun intérêt. Et ces Mézéniens, pardonne-moi de te le dire, mais ils me gonflent !

Jean-Yves Baudry : Mais on fait quoi, alors ?

Benoit Constant : C'est pas compliqué, on déclare la guerre à la Francovie !

Jean-Yves Baudry : Quoi ? Mais tu es complètement fou !

Benoit Constant : Attends, j'ai pas fini ! On leur déclare la guerre, pour un motif futile et ensuite, au lieu de se battre, on se laisse envahir sans opposer de résistance. On négocie une reddition, tranquille, et on se barre en exil !

Jean-Yves Baudry : Je trouve que c'est une excellente idée ! Je vais faire une déclaration à l'Assemblée dans la journée de demain !

La centaine de soldats investissaient les étages. A la tête d'une section, Boulier se rendit dans les appartements présidentiels afin de placer le chef de l'état en état d'arrestation.

- Vois-tu Boulard, le secret c'est de suivre l'odeur du sanglochon. Baudry ne doit pas être loin.
- Mon général, ne faudrait-il pas mieux prendre cette porte sur laquelle est inscrit bureau présidentiel.
- Oui... Pourquoi pas... Répondit le général vexé de ne pouvoir impressionner son subalterne... Coignard, Bousard, Brachard, enfoncez la porte au bélier... Oui Boulard ?
- Mon général, je crois qu'elle est ouverte
- Ah !... Euh... Bon bah on rentre. Groupe 4 en couverture. Armes au poing pour les autres, c'est peut-être un piège.

Lui aussi sous l'effet du gaz hilarant, le Président Baudry leva les mains en signe de reddition dès qu'il aperçut les armes des Francovars.

Jean-Yves Baudry : Mais qu'est-ce que vous êtes drôles, par Saint-Sevan ! (rires) Attendez, je reprends mes esprits, excusez-moi ! (rires) Bon, ça va, faites pas cette tête, je me rends !

- Bon ! C'est un peu gênant tout de même !... tempêta d'une voix de stentor le général Boulié. Puis il prit en main son talkie-walkie Zone sous contrôle !... Rooster 2 (coq 2 en Armaréen - nom de code du Premier Gouverneur) peut atterrir.

L'ordonnance du général Boulier se présenta à son supérieur :

-  Mon Général Rooster Two est sur zone accompagné d'Aigle argenté et de Panda
- Aigle argenté ? Panda Roux ?, interrogea l'officier général
- Ce sont les noms de code du Maréchal et du Ministre des Affaires étrangères, Mon général.
- Qui trouve les noms de code à l'Octogone ?
- C'est le fils du Directeur du renseignement.
- C'est un enfant qui attribue les noms de code ?
- C'est pour l'originalité et l'incertitude onomastique disent-ils
- Et le mien c'est quoi ?
- Cacatouille, Mon général.
- Cacatouille ?! Boulier restait interloqué MaIs il a quel âge le gamin ?...
- 4 ans je crois...
- Ah je comprends mieux !
- Non le vôtre c'est le directeur du  renseignement qui l'a choisi... Je crois qu'il ne vous aime pas...

Un second officier se présenta :

- Mon général les officiels arrivent
- Monsieur le Président les négociations de capitulation vont pouvoir débuter... Monsieur le Président ?... Monsieur le Président ?... Allez on arrête de rire maintenant.

Le Gouverneur Labardière, le Ministre des Affaires étrangère Du Falard, et le Maréchal de Montigac pénétrèrent dans la pièce.

- Président Beaulit...
- Baudry Monsieur le Gouverneur, Baudry, chuchota du Falard
- Euh Baudry... Je crois que vous avez perdu la guerre !...
- Et il nous appartient désormais de négocier la paix !... renchérit le ministre... Voici, visez l'acte de capitulation qui mettra fin à ce conflit ridicule. Du Falard tendit un document.

ACTE DE CAPITULATION DE LA REPUBLIQUE DE MEZEE

Article 1 : La République de Mézée est déclarée seule responsable de la guerre. Elle capitule sans condition.

Article 2 : A titre d'indemnité de guerre et de compensation, la République de Mézée prendra à sa charge les frais d'hospitalisation et de convalescence du sergent Poissard, blessé à d'une entorse à la cheville en opération. Elle s'engage à dédommagé la pizzeria l'Olivio des commandes passées par ses soldats.

Article 3 : Le territoire de la République de Mézée est annexé au territoire de la Monarchie de Francovie et réuni aux territoires non-incorporés. Ses institutions et ses forces armées sont dissoutes. Ses citoyens prennent la qualité de citoyens francovars.

Article 4 : La République de Mézée pourra demander le statut de clan selon les dispositions constitutionnelles en vigueur. Elle renonce au statut particulier accordé au clan de Mézénas par le Code de décentralisation.


Fait à Bourmizas, le 7 août 2022


Jean-Yves BAUDRY,
Président de la République de Mézée

Maxime de LABARDIERE
Gouverneur de Francovare

- Ce n'est pas un peu dur Du Falard, chuchota Labardière
- Laissez moi faire M. le Gouverneur, ces gens là ne comprennent que la force, chuchota sèchement Du Falard
- Naturellement nous pouvons négocier tout de suite votre intégration comme clan, lança Labardière s'affranchissant de la ligne de son ministre que l'on pu, tant lassé qu'agacé, lever les yeux ver le ciel
-

Jean-Yves Baudry : Et vous croyez sincèrement que je vais signer ce torchon ? (rires) Ce que vous demandez est inacceptable, je ne peux pas l'accepter, je refuse ! (rires) Et franchement, vous êtes tordants dans ces tenues, il y a un bal masqué, ce soir ?

- Ah il refuse ! Du Falard j'avais raison !... triompha Labardière. Qu'est-ce qu'on lui propose ?
- Laissez moi faire... Avez-vous une suggestion M. le Président ?... C'est énervant tous ces rires... Combien de temps cela va-t-il encore durer général.
- Un petite heure M. le Ministre
- Bien, gardez le a vu nous reprendrons ensuite...
- Bien, M. le gouverneur.

Loin des oreilles de Baudry un conciliabulle s'ouvrit avec Labardière :
- M. le Gouverneur, il faut employer la force !
- Souvenez-vous de Tom & Jerry Du Falard !
- Tom & Jerry ?... Ah oui : Tom & Jerry ! Le dessin animée, les relations internationales... Le grand méchant, le petit bon... Là, M. le Gouverneur on est en train de se faire marcher dessus par un confétis diplomatique. Il faut être fort !
- Que suggérez-vous ?
- L'occupation de la République et son placement sous administration militaire jusqu'à nouvel ordre.

Les forces armées mézéniennes avaient été désarmés. On reprit la table des négociations.

Du Falard reprit les négociations :
- M. le Président, je ne crois pas que vous soyez en mesure de négocier quoique ce soi. Néanmoins, la Francovie recherche une paix durable. Quelles sont vos demandes ?

Jean-Yves Baudry : Franchement, vous me décevez ! Vous abandonnez bien vite ! (rires) Alors, je veux un avion et le plein de kérozène, genre avion de ligne, pas le petit avion de tourisme, je veux le gros transporteur ! (rires) Et tous ceux qui le souhaiteront partiront avec moi pour une destination que je donnerai au pilote une fois que tout le monde sera à bord et que les moteurs auront démarré !

C'est seulement à ce moment-là que je vous dirai où sont les otages ! (se tourne vers Constant) Quoi, comment ça, on n'a pas d'otages ? Bande d'amateurs !

Bon, on veut quand même l'avion ! Et le plein de kérozène, hein ! Et plateau-repas pour tout le monde avec en prime, du vin de Cardolane !

Si nos exigences ne sont pas satisfaites, je ne signe rien ! Tiens, je crois que mon fou rire s'estompe... Ah, le gaz hilarant doit cesser de faire de l'effet... Cela dit, vos tenues sont toujours aussi drôles !

- Vous n'allez pas vous en sortir comme ça ! Du vin de Cardolane en plus ! Il m'a pris pour sa mère le Mézénien ! tempêta Labardière devant un Du Falard médusé.
- Du calme M. le gouverneur... M. Baudry, je crois que vos demandes sont raisonnables, nous y souscrivons sans réserve. Un gros porteur de l'Armée de l'Air sera mis à votre disposition à Fux.

Jean-Yves Baudry : Oui, mais attendez, il faut encore que je prépare ma valise, je dois prendre des slips de rechange et des chaussettes, aussi ! Et mon huile bronzante, sans ça je deviens rouge comme une écrevisse ! Constant, on fait comment, on prévient Berrnardini et Chamard ? Bogendorfer se débrouillera ! Et Tourneur, je suis pas chaud de partir avec elle, vous imaginez le savon qu'elle pourrait me passer, cette folle indépendantiste ?

Ah, d'abord je signe le constat ! Voilà, monsieur l'Agent ! Bon, Constant, on y va ?

ACTE DE CAPITULATION DE LA REPUBLIQUE DE MEZEE

Article 1 : La République de Mézée est déclarée seule responsable de la guerre. Elle capitule sans condition.

Article 2 : A titre d'indemnité de guerre et de compensation, la République de Mézée prendra à sa charge les frais d'hospitalisation et de convalescence du sergent Poissard, blessé à d'une entorse à la cheville en opération. Elle s'engage à dédommagé la pizzeria l'Olivio des commandes passées par ses soldats.

Article 3 : Le territoire de la République de Mézée est annexé au territoire de la Monarchie de Francovie et réuni aux territoires non-incorporés. Ses institutions et ses forces armées sont dissoutes. Ses citoyens prennent la qualité de citoyens francovars.

Article 4 : La République de Mézée pourra demander le statut de clan selon les dispositions constitutionnelles en vigueur. Elle renonce au statut particulier accordé au clan de Mézénas par le Code de décentralisation.




Fait à Bourmizas, le 7 août 2022


Jean-Yves BAUDRY,
Président de la République de Mézée


Maxime de LABARDIERE
Gouverneur de Francovare

Du Falard fut un peu décontenancé :
- Bien... Euh... Bon voyage M. Baudry.