Bureau du Premier Ministre

Mazard serra la main que lui tendait Buisson.


Christiane Mazard : Eh bien, écoutez, pour l'instant je ne me plains pas et cette visite se passe fort bien !

Buisson l'invita à s’asseoir dans l'un des salons, le temps que le Premier Ministre arrive.
En attendant il demanda : "Quels sont pour vous les 7 joyaux de l'Archipel que la CONACEP essaye d'établir en ce moment ?"

La conversation était pour l'instant bon enfant. 

Christiane Mazard : Il me semble évident que la bibliothèque Nationale de la CSH devrait en faire partie. Et le Concours Microvision, bien entendu, en tant que Mézénienne il m'aurait été difficile de ne pas le mentionner.


Le pays était connu pour compter le plus grand nombre de fans du concours. Le Mézénas Grand-Prix, la finale nationale, était devenue une véritable institution qui faisait des cartons d'audience, près de 90% de parts de marché à chaque diffusion sur RTM1. Cela dit, il n'y avait qu'une chaine de télé à Mézénas, on se demandait d'ailleurs ce que faisaient les 10% qui n'allumaient pas leur poste pour regarder le MGP.

Le Premier Ministre rejoignit les deux gouvernants. Des civilités avaient déjà été échangés dans la voiture qui avait transportée Mazard et Montignac au Palais de la Lenterne :

- La CONACEP ! sujet fort intéressant. Je crois que je suis de votre avis Madame la Chancelière : la BNSH et le Concours Microvision, voilà deux belles créations de notre patrimoine micromondiale. Vous avez fait connaissance avec notre ministre des affaires étrangère M. Buisson. Que nous vaut le plaisir de votre visite à Micropolia ?

Christiane Mazard : Monsieur le Premier Ministre, je souhaite rétablir des relations diplomatiques et économiques entre nos deux pays. La Francovie et Mézénas sont liés par l'Histoire, avec un grand H, où se mêlent la haine et l'amitié. Nous avons partagé tant de choses et nous avons encore tant d'autres choses à partager !

Je vous tends la main et je vous dis : faisons table rase du passé et construisons ensemble un avenir plein de promesses !

Montignac acquiesça :

- Je n'y suis pas hostile. Nos deux nations ont vocation à œuvrer de concert dans le Continent Sud. Leur Histoire commune et leur géographie les y convie. Je pose néanmoins un préalable : le rétablissement par votre administration du TRM abrogé par votre prédécesseur avec l'expression public de regrets à l'endroit de la décision prise naguère.

Montignac espérait que la formule sur laquelle il bataillait pour contenter sa majorité FDP pourrait, plus que l'exigence d'excuses officielles, permettre un compromis.

Sebastien Buisson :

- "Le véritable problème c'est que même si nous relançons le traité ou que nous en faisons un nouveau, il sera détruit dès qu'il y aura une alternance dans votre pays, les candidats de la droite ont été plutôt clair sur le sujet.
A quoi bon signer un traité de reconnaissance qui n'aurait que peu de valeur en étant détruit dans 6 ou 12 mois ?
Pouvez vous garantir sa pérennité ?

Nous avons déja été insulté une fois, je ne vous cache pas que se faire insulter une seconde fois marquerait la fin définitive des relations entre nos deux pays."

Mazard fut choquée par l'incorrection de Buisson qui était intervenu à la suite de Montignac alors qu'elle s'apprêtait à répondre à ce dernier ! Il semblait évident que dans sa tête, Buisson n'avait jamais quitté la Lenterne et se prenait encore pour le chef du gouvernement. Elle préféra l'ignorer et répondit à Montignac.


Christiane Mazard : Monsieur de Montignac, d'une part il faut préciser que ma prédécesseure a rompu les relations diplomatiques avec trois pays, pas uniquement avec le vôtre, ça n'était donc pas directement dirigé contre la Francovie. Et ensuite, il faut avoir en mémoire les circonstances qui ont amené cette rupture de nos relations.

À l'époque, la Grande Alliance menait des opérations militaires dans différents endroits du micromonde, provoquant son instabilité. Certains États-membres de la Grande Alliance engagés dans des opérations au Sud-Ouest Démocratique et au Belondor se sont même approchés dangereusement des frontières du Krassland, un de nos alliés, cela aurait pu se terminer en conflit ! Dans ces conditions, vous comprendrez que je ne peux pas présenter des excuses, ni même publiquement exprimer des regrets pour la rupture de ces relations. Si je le faisais, quelle image donnerais-je des États Fédérés ?

Très sincèrement, si les rôles étaient inversés, j'aurais à coeur de rétablir des relations et je ne demanderais pas que ce rétablissement se fasse en commençant par des excuses ou des regrets de votre part, ce qui serait la pire des choses à faire. (elle tourne le regard vers Buisson puis revient à Montignac) Selon moi, certaines personnes dans votre entourage mettent volontairement un obstacle à ce rétablissement de relations et je ne serais pas surprise d'apprendre que ces mêmes personnes ont récemment exprimé leur volonté d'investir massivement dans la défense nationale.

Sebastien Buisson compris assez logiquement qu'il est visé.

- "Vous vous trompez sur mes intentions madame la Chancelière.
Je ne suis pas contre un retour des relations avec Mézénas, certes je suis pour un investissement massif dans l'armée mais c'est tout à fait justifié puisque Mézénas et l'UTO ont fait de même ces dernières années, il est donc difficile de nous jeter la pierre."

Il précisa sa pensée :

- "Vous dites que vous avez rompu les relations à cause de la Grande Alliance et de ses supposées interventions au Krassland.
C'est clairement une fausse excuse puis-qu’aucun autre pays de la LEM, ni même le Krassland c'est dire, n'ont rompu les relations, même l'UTO a continué de vouloir lancer au même moment des relations avec la LED et le Gwangua. Mézénas a été le seul pays à sur-réagir totalement. 

D'autant plus que peu après Mézénas, l'UTO et le Krassland, profitant de leur investissement massif dans l'armée, ont attaqué Livadia et Avaricum au Bangana, lançant la première guerre entre des nations de l'Archipel depuis la Laurasie et l'ONA ... 
En gros la LEM a fait plus de guerre que la Grande Alliance, c'est ce qui je pense vous a convaincu que nous n'étions pas les grands méchants loups et qu'il faut relancer les relations avec la Francovie.

La moindre des choses est d'admettre cette erreur publiquement, cela permettrait aux francovars d'accepter de relancer une relation proche avec Mézénas. 

Ce n'est meme pas votre erreur en plus mais celle de votre prédécesseur !

Mais vous n'avez pas répondu à ma question, comment comptez vous pérenniser le traité de reconnaissance alors qu'en cas d'alternance, celui-ci sera détruit dès les premiers jours ?"

- Je vous remercie de votre intervention M. Buisson. Néanmoins, nous ne faisons pas le procès des Etats fédérés, de la LEM, ou de la Grande Alliance. Cela appartient au passé. Et je crois que chacun des acteurs que vous mettez en cause oeuvre aujourd'hui pour la stabilité des relations internationales. Les responsabilités passés m'importe peu. Je souhaiterais que nous évoquions le futur.

Montignac avait recadré en douceur l'envahissant MAED. Après quelques secondes de pause, il reprit.

Nos relations diplomatiques étaient rompus. Je constate aujourd'hui la volonté mézène de les rétablir. Vous me voyez enchanté d'accueillir aujourd'hui en ce Palais de la Lenterne, la Chancelière des Etats fédérés Pour ma part, je considère votre venue, Madame la Chancelière, comme un acte de réconciliation. Je crois que la Francovie ne peut l'ignorer. Que venez-nous vous proposer Madame ?

Mazard fut heureuse de constater que Montignac reprenait la main, mais peu après, la question du Premier Ministre la surprit.

Christiane Mazard : Ce que je suis venue vous proposer ? Mais je vous l'ai déjà dit, Monsieur le Premier Ministre, je suis venue vous proposer un rétablissement des relations diplomatiques et économiques entre nos deux pays, ce qui signifie en clair le rétablissement du traité de reconnaissance mutuelle, la réouverture des ambassades et un échange de devises. C'est aussi simple que ça !

- Excusez mon étourderie. Cela me va tout à fait. Peut-être pourrions-nous revoir les termes du TRM afin de les actualiser et préciser le contenu de l'échange de devise que vous évoquez. En outre, je suis favorable à la ré-ouverture de nos ambassades. Je suis d'ailleurs tout à fait favorable à l'ouverture d'un consulat mézène à Bourg-Mézénas si vos intentions sont en ce sens.

Christiane Mazard : Je ne pense pas qu'il faille revoir les termes du TRM. Par curiosité, comptez-vous passer par un vote de l'Assemblée nationale pour rétablir ces relations ?

Un fonctionnaire sort  un document d'un attaché-case que la Chancelière transmet aussitôt au Premier Ministre.

Ce traité me semble tout à fait acceptable en l'état. Pour notre part, nous ne l'avons pas abrogé, par conséquent il n'y aura pas de vote puisqu'il est toujours en vigueur dans notre bloc de conventionnalité. La remise en vigueur du TRM de votre côté, vaudra remise en vigueur du nôtre.

Buisson tiqua :


- "Monsieur le Premier Ministre, le Traité est caduc. Nous devons le faire voter de nouveau à l'Assemblée Nationale, c'est la moindre des choses et c'est juridiquement obligatoire."


Buisson n'appréciait pas le déroulement des choses, le Premier Ministre s'accordait des pouvoirs qu'il n'avait pas et surtout il ne respectait pas sa promesse qu'il avait fait à Buisson sur les excuses avec Mézénas.

Je ne suis pas d'accord avec votre interprétation juridique. Mais effectivement nous pourrons le faire passer devant la représentation nationale pour éviter tout conflit à venir sur la validité du traité.

Montignac, à Mazard : En contrepartie du rétablissement  des relations diplomatiques et des éléments que nous avons déjà convenus, nous souhaiterions que vous importiez des produits francovars dans le cadre d'un contrat gouvernemental et que vous parliez à minima d'erreur de votre prédécesseur à l'endroit de la rupture passée de nos relations. Il y aurait là deux gestes qui conduiraient ma majorité à accepter en bloc la réouverture de nos relations.

Montignac devait composer avec sa majorité au risque d'aller à l'encontre de sa volonté propre.

Christiane Mazard : Monsieur de Montignac, je suis venue ici avec la volonté de faire table rase du passé, je souhaitais que tout soit oublié, que tout soit effacé et que les relations entre la Francovie et Mézénas repartent de zéro et sur de nouvelles bases.

Mais j'ai été très claire dès le départ, je ne présenterai pas d'excuses pas plus que je n'exprimerai de regrets pour la rupture des relations entre nos deux pays. Et donc, je ne reconnaitrai pas qu'elle a été une erreur.

J'aurais été enchantée de célébrer la reprise de ces relations en signant un contrat commercial avec vous, mais hélas, cela ne se fera pas.


La Chancelière adressa un geste aux personnes qui l'accompagnaient puis se leva. Sa rencontre avec le Premier Ministre touchait à sa fin, mais pas son déplacement en Francovie...

Montignac regarda Buisson sévèrement : "voilà où nous mène vos conneries se disait-il". Montignac s'interposa entre la porte et la Chancelière, les deux corps se frollèrent. Une tension était perceptible, presque sensuelle :

Montignac : "Madame, je vous en prie, restez et... discutons encore un peu... Faisons table rase. Considérez simplement cela : je dois assurer ma majorité : un contrat gouvernemental d'importation de produit francovar devrait contenter mes détracteurs. Je ne vous demanderai plus d'exprimer de regrets, ni d'excuse ou d'erreur. Je ne me serai pas abaisser à cela pour mon pays, et je vous approuve. Je n'aurais pas agit autrement s'il s'était agit de la Francovie. Êtes-vous d'accord pour reprendre notre conversation ?"

"Bientôt il va se mettre à genoux pour me supplier de rétablir des relations diplomatiques, si ça continue comme ça !", songea la Chancelière.

Christiane Mazard : Monsieur de Montignac, vous dites cela maintenant mais vous savez fort bien que certains de vos alliés de la majorité ne vous suivront pas et refuseront de voter le rétablissement des relations entre nos deux pays. Il vaut mieux que nous en restions là.

Je vous remercie de m'avoir reçue et à présent, je vais me rendre à Bourg-Mézénas afin d'y rencontrer le Président Bogendorfer.


La Chancelière salua le Premier Ministre puis tous deux se rendirent jusqu'au perron du Palais de la Lenterne où elle le salua de nouveau avant de le quitter. Par chance, il n'y avait aucun journaliste, donc pas de déclaration à faire. Elle monta à bord de la voiture prêtée par le gouvernement francovar le temps de son séjour. Le véhicule démarra aussitôt, en direction de la République de Mézénas...

Montignac, en aparté avec la Chancelière, déçu : c'est votre choix. Je le regrette. Je vous remercie d'être venue nous rendre visite Madame la Chancelière. Certainement, les circonstances politiques seront-elles un jour plus favorables. Je vous souhaite un bon retour à Mézénas.

Montignac retourna dans son bureau, dépité : - Que pensez-vous de tout cela Buisson ?

Sebastien Buisson :

- "J'en pense que la Chancelière ne voulait pas relancer les relations, elle voulait juste rencontrer officiellement Bogendorfer.
Je ne vois pas pourquoi elle est encore en Francovie, il faut l'inviter à partir et par la force si il le faut.

Vous savez très bien que ce sont les Etats-Fédérés qui sont derrière les indépendantistes et derrière le gouvernement Akilebo au Bangana en plus.

Il ne faut pas etre laxiste, les mézénes tout comme les transocéaniens ou meme les krasslandais ne font jamais de concession, c'est ainsi. C'est dans leur manière.
J'espérais vraiment qu'elle ferait cet effort mais elle n'a même pas décidé de faire un premier pas à part venir à Micropolia ce qui n'est même pas un pas puisqu'elle souhaitait avant tout voir Bogendorfer ...

Laissons tomber de toute façon c'est un pays du tiers-micromonde d'un point de vue économique."

Montignac se sentait merdeux :

Certainement avez-vous raison Sébastien. En attendant, la Chancelière se trouve en RFM.

J'ai demandé à Du Halga une condamnation officielle de la présidence de Mézénas. Que suggérez-vous ?

Peut-être pouvez-vous officiellement demander le départ de la délégation mézénienne par voie de communiqué. C'est votre prérogative de MAED.